13 Feb
13Feb

Du milieu du XIXe siècle aux années 1930, la pêche à la morue en mer d'Islande fût l'activité principale des marins du Goëlo, aux épopées ponctuelles de misères et de naufrages - bien loin de l'image édulcorée longtemps véhiculée. La ville de Paimpol et ses alentours leur rendent hommage. Popularisé par le roman de Pierre LOTI, Pêcheur d'Islande en 1886, et de la chanson de Théodore BOTREL, "La Paimpelonaise" en 1895, le petit port breton défend fièrement son ancrage maritime. Ruelles et placettes bordées de maisons d'armateurs rappellent son riche passé, sujet de prédilection des nombreux artistes qui s'y sont depuis installés, Paimpol a obtenu le label "Villes et Métiers d'art" en 2021. Revivez le temps d'un weekend de deux jours l'épopée de ces marins en pays du Goëlo...

OU LOGER ?

Lors de mon séjour découverte en Bretagne, j'ai passé une nuit sur Quintin après avoir visité la baie de Saint-Brieuc. La Tourelle 22 est chaleureuse, soigneusement décorée par sa propriétaire. Située au bout du village, vous aurez tout le loisir de redescendre jusqu'au château à pied après avoir déposé vos valises.

JOUR 1 : LE PAYS DE SAINT-BRIEUC (89 kms)

Quintin (A) -> Maison diocésaine Saint-Yves (B) -> Châtelaudren-Plouagat (C) -> Guimgamp (D) -> Quintin (E)

Quintin (A) : vous serez surpris par l'imposant château du XVIIIsiècle qui domine les chaos du Gouët, avec sa grande muraille qui le relie aux deux tours. Cette vision première de la cité évoque son passé de ville close, sise entre Armor et Argoat. Les maisons en pans de bois et demeures en granit du XVIe au XVIIIe siècle soulignent la richesse des négociants toiliers ayant faits la fortune de Quintin. Durant deux siècles, les fines toiles "Bretagne", fabriqués en lin, prisées des Espagnols, s'exportaient jusqu'aux Amériques. (Note de visite : 8/10)

Maison diocésaine Saint-Yves de Saint-Brieuc (B) : La Chapelle de la Maison Saint-Yves est un joyau coloré orné de mosaïques et de fresques, de style art déco. C'est un monument à découvrir, ouvert à tous et gratuit. Vous entrerez et longerez le cloitre de l'endroit bâti en 1927 par d'Harel de la Noë, où le béton confère un aspect épuré et moderne jusqu'au clocher. En son centre, un jardin paysage graphique et sobre, reprenant les symboliques religieuses. Ce lieu a été classé 8e/14 du "Monument Préféré des Français" en 2022. (Note de visite : 10/10)

Châtelaudren-Plouagat (C) : l'histoire de Châtelaudren débute sur le promontoire de l'ancien château aujourd'hui disparu. Le comte Audren l'édifie au XIe siècle. Sa descendance confie aux moines de Saint-Magloire de Léhon le soin d'y fonder un prieuré et un bourg en contrebas. A l'aube du XIVe siècle, le joyau de la commune, La Chapelle Notre-Dame-du-Tertre, se perche sur la butte. Elle abrite des lambris peints d'une extreme rareté (132 tableaux - Note de visite : 6/10).

Guingamp (D) : cette ville s'épanouit sur la double appartenance de ses racines. Sur le plan linguistique et religieux, la cité de Guingamp reste attachée au Trégor et à la Bretagne bretonnante ; sur le champ historique et militaire, elle doit beaucoup au Penthièvre. L'alliance de ces origines a fait naître un patrimoine qui couvre les périodes médiévale, renaissance et classique. (Note de visite : 8/10)

JOUR 2 : LE CIRCUIT DE L'ESTUAIRE DU TRIEUX (74 kms)

Abbaye de Paimpol (A) -> Château de la Roche-Jagu (B) -> Pontrieux (C) -> La Roche-Derrien (D) -> Tregiuer (E) -> Abbaye de Paimpol (F)

L'abbaye de Beauport de Paimpol (A) : son histoire remonte au XIIIe siècle. Les chanoines de Prémontré venus de l'Abbaye de la Lucerne en Normandie vont modeler ce lieu jusqu'à la Révolution. Vendue comme Bien National, l'Abbaye de Beauport est classée Monument Historique en 1862. Vous y découvrirez un cloitre végétalisé, une église à ciel ouvert, un verger conservatoire, ainsi qu'une vue imprenable sur la baie de Paimpol et les iles voisines. (Note de visite : 10/10)

Château de la Roche-Jagu (B) : je n'ai pas eu l'occasion de visiter ce domaine au sud de Paimpol lors de mon périple en Bretagne en septembre 2023. Ce manoir breton du XVe siècle est le dernier témoin d'un système défensif bâti entre Pontrieux et l'Archipel de Bréhat. La tradition rapporte qu'au XIe siècle, un dénommé Jagu aurait fait construire une motte castrale progressivement transformée en forteresse de pierres. Détruit au cours de la guerre de Succession de Bretagne (1341-1365), le château fut reconstruit en 1405 par la noble dame Catherine de Troguindy, propriétaire des lieux, avec l'accord du Duc de Bretagne de l'époque, Jean V, "à la charge que le Duc y auroit tousjours son entrée libre sans empeschement de ladite Catherine". Elévé au rang de Baronnie par le Duc de Bretagne François II en 1487, la terre de La Roche-Jagu passera sous la main de plusieurs familles sous l'ancien régime, jusqu'à devenir propriété du département des Côtes-d'Armor en 1958.

Pontrieux (C) : blottie autour de ses deux places, cette Petite Cité de Caractère se prolonge vers le port de plaisance, appelant à larguer les amarres vers Bréhat. Avec son viaduc et ses deux ponts, le village de Pontrieux s'offre à la flânerie, de jour comme de nuit, grâce à un étonnant parcours de lumières permettant de découvrir les lavoirs, les maisons en pans de bois ou en pierres de taille, une fontaine du XVIIIe siècle, et la maison surnommée "la Tour Eiffel du XVIe siècle". (Note de visite : 9/10)

La Roche-Derrien (D) : cette Petite Cité de Caractère fut construite sur un promontoire rocheux au XIe siècle par Derrien, fils du comte de Penthièvre. Le château fort surplombe l'estuaire du Jaudy, pour contrôler le passage sur la rivière maritime. Cet édifice a été pillé et siégé lors des guerres de Succession de Bretagne, et fut plusieurs fois rasé. Charles de Blois y fut blessé et fait prisonnier par les Anglais lors de la célèbre bataille de La Roche-Derrien en 1347. L'église fortifiée Sainte-Catherine, du XIIIe siècle, arbore un beau vitrail rappelant sa capture. (Note de visite : 7/10)

Tréguier (E) : le souvenir du passé imprègne les pierres qui content la vie séculaire de cette ancienne ville episcopale. "Quand on la contemple du haut de sa place, on a le sentiment qu'elle a été sécrétée, maison par maison, par la puissance nef de pierre qui la domine". Anatole LE BRAZ évoque ainsi le premier rôle de l'Eglise sur la cité de Tréguier ; Tugdual, moine gallois, fonde au VIe siècle le monastère de Landreger. Aux abbés succèdent les abbés-évêques, puis les évêques quand le Trégor devient vers l'an 1000 l'un des neufs évêchés de Bretagne. La cathédrale Saint-Tugdual (XIVe siècle), l'ancien évêché (XVe siècle) ou le palais épiscopal (XVIIe siècle) sont quelques joyaux à visiter. (Note de visite 8/10)

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